A chaque époque, ses « tics » de langage. Aujourd’hui, il est quasiment impossible de vivre une journée sans entendre l’expression « y’a pas de souci », un déni qui relève davantage de la méthode Coué que d’un constat clinique. Dans un monde fondamentalement perturbé, les hommes recherchent la sécurité et le bien-être. Pourtant les accidents de la vie existent bel et bien et peuvent toucher tous les êtres, humains, animaux, plantes ou insectes. Ce papillon qui se délecte sur une fleur de plantain en est le témoignage. C’est un Colias Croceus, de la famille des piérides. On l’appelle communément « le souci » et il n’a jamais aussi bien mérité son nom. Il faut bien observer la forme des ailes antérieures pour voir qu’elles sont toutes fripées. Il ne s’agit pas d’un signe distinctif de l’espèce, mais d’un accident de parcours qui remonte sans doute à la sortie de chrysalide. Les ailes ont dû sécher avant d’être complètement dépliées. Cette infirmité doit handicaper le vol, mais ne l’empêche nullement de se nourrir comme tous ses congénères. Remarquez au passage qu’il transporte un passager clandestin de taille lilliputienne.
Le Bollenberg, le 20 juin ,2025