Compétition interspécifique

Mi-août, beaucoup d’oiseaux s’envolent des nids. Le nombre croissant est parfois problématique lorsque différentes espèces fréquentent le même milieu. C’est apparemment ce qui se passe lorsque les huppes fasciées viennent se poser sur le sapin où les gros becs ont leurs habitudes. Dans le cas présent, c’est la huppe qui s’est envolée, effrayée par l’attitude agressive du gros-bec. Cet événement est un exemple de compétition interspécifique, un concept central en écologie qui rend compte de la rivalité qui s’installe entre des individus de différentes espèces qui cherchent à utiliser la même ressource dans un même milieu. Le gros-bec, qui pèse environ 50 grammes, a compensé sa taille inférieure à la huppe (qui pèse plus de 60 grammes et est plus longue) par une combinaison d’avantages comportementaux et morphologiques. Son bec extrêmement puissant, capable de briser des coques de graines et de fruits, constitue une menace directe. De plus, son comportement est celui d’une espèce généralement sédentaire, ce qui la pousse à défendre plus farouchement son territoire. À l’inverse, la huppe, avec son bec fin adapté pour chasser les insectes au sol, est une espèce migratrice présente du printemps à la fin de l’été. Moins encline à se battre pour un territoire qu’elle n’occupera que temporairement, elle a préféré se retirer. La huppe, dont l’arme de défense réside plutôt dans des substances chimiques répulsives, a ainsi fait un calcul de risques : il était plus stratégique pour elle de fuir que de risquer une blessure. Cette anecdote  illustre parfaitement que la « loi du plus fort » chez les oiseaux ne se résume pas à la taille.

Le Bollenberg, le 19 juillet 2025