L’image nous transporte sur un musoir, cette jetée qui sert de sentinelle avant les écluses, séparant les eaux tumultueuses du fleuve. C’est un endroit qui est souvent animé, mais il prend aujourd’hui un air de club de vacances pour volatiles, une « plumard-party » au bord de l’eau. Un jeune goéland, encore avec son duvet d’adolescent mal dégrossi, observe la scène d’un air interrogatif, se demandant si c’est la bonne adresse pour la bringue. A sa gauche, une ouette d’Égypte, telle un mannequin sur un podium de défilé, parade fièrement sur ses pattes rose bonbon, snobant presque l’assemblée. Mais le clou du spectacle est une aigrette garzette, visiblement survoltée, qui a pété un câble et se lance dans une danse effrénée, ses plumes ébouriffées témoignant d’un enthousiasme débordant. Ses deux complices la fixent d’un air réprobateur et se demandent s’il ne faut pas faire appel aux secours. L’ouette affalée qui regarde la scène avec indifférence en a vu d’autres: elle préconise de ne rien faire et attendre que ça passe. Un cormoran, lui, joue les intellectuels blasés, observant le manège avec un air supérieur.
L’écluse de Kembs, le 3 août 2025
