A première vue, cette photographie de la grenouille rieuse nous met mal à l’aise, mais très vite nous remettons les choses en place : elle n’a que deux yeux ; le troisième n’est qu’un reflet dans l’eau. C’est une réalité biologique : la nature a doté la plupart des êtres vivants de deux yeux et cette disposition n’a rien d’un hasard. La vision binoculaire permet une perception cruciale de la profondeur et des distances, ce qui est un atout majeur pour la survie. L’évolution n’a donc pas eu besoin de créer de troisième œil physique, car cette configuration s’est avérée très efficace. Pourtant, l’humain a toujours cherché à voir au-delà du monde matériel. C’est de ce besoin qu’est née, dans de nombreuses civilisations, la notion du troisième œil, un symbole de la vision intérieure. Il ne s’agit pas d’un organe, mais d’une métaphore pour l’intuition, la sagesse et la capacité à percevoir des réalités invisibles à l’œil nu. Dans l’hindouisme, il est d’ailleurs associé à la divinité Shiva comme l’œil de la connaissance et de la conscience. Si nos yeux physiques saisissent les apparences, notre regard intérieur, lui, perçoit le sens caché des choses. C’est cette autre façon de voir qui nous permet de trouver la poésie dans le monde qui nous entoure.
La Petite Camargue Alsacienne, le 16 août 2025