Au creux de la pierre, la cigale de métal s’éveille d’un long sommeil. Le temps a laissé ses marques, les toiles d’araignées et la rouille ne sont pas des parures, mais les stigmates de sa déchéance. Elle n’est plus qu’une simple sculpture, une décoration figée. Elle tente de bouger, de s’envoler, mais ses ailes métalliques sont bloquées, soudées par le temps et l’humidité. L’insouciance d’hier n’était pas de la poésie, mais une erreur de jugement. On lui avait dit qu’il ne fallait pas sacrifier la sécurité à des plaisirs éphémères ; elle en paie aujourd’hui les conséquences. Pourtant, elle ne ressent guère de tristesse. Elle se remémore les mélodies qui ont fait vibrer le cœur des passants et des oiseaux. Elle comprend aussi que la véritable richesse ne réside pas dans ce qu’elle aurait pu accumuler ou construire, mais dans ce qu’elle a offert au monde. Elle n’est donc pas une simple statue inerte, elle est la mémoire vivante de l’été, le chant silencieux qui murmure que la beauté n’est pas dans l’apparence, mais dans l’essence.
Wintzfelden, le 17 août 2025