Le destin du panicaut champêtre (Eryngium campestre) est un exemple frappant des dures lois de la nature dans les collines sous-vosgiennes. Cette plante des milieux secs et arides est prise au piège d’une double attaque souterraine. D’un côté, le pleurote du panicaut, le champignon prisé des gourmets pour sa chair ferme, est un saprophyte spécialisé qui s’attaque aux racines tubéreuses pour les décomposer. De l’autre, et de manière bien plus intrusive, sévit l’orobanche du panicaut. Cette plante à l’aspect sec et brun-ocre est un holoparasite dénué de chlorophylle, et donc incapable de photosynthèse. L’orobanche est fortement spécifique de son hôte. Ses minuscules graines sont programmées pour ne germer qu’en présence des substances chimiques libérées par les racines du panicaut, rendant l’assaut inéluctable. Une fois fixée, elle prélève directement l’eau et les nutriments du Panicaut, l’affaiblissant considérablement. Face à cette double pression — la décomposition par le champignon et le prélèvement vital par la plante parasite — la survie et la fructification du panicaut sont sérieusement compromises. Il lui est bien difficile d’échapper à ce piège biologique complexe qui se joue sous terre.
Le Bollenberg, le 2 janvier 2018