Noctuelle hulotte

Au cœur de l’hiver, lorsque le soleil du 13 février inonde les pentes calcaires du Strangenberg, la vie ne s’est pas totalement arrêtée. C’est l’histoire d’une petite noctuelle, probablement la larve de la très commune noctuelle hulotte (Noctua pronuba), qui, bravant le froid ambiant, s’est risquée à un bain de soleil. Née l’été précédent, elle a passé l’automne à se gaver, accumulant les réserves vitales qui lui permettent de traverser la saison froide. Son destin d’insecte lui imposait un strict hivernage, enfouie dans le sol ou dissimulée sous une pierre, le métabolisme ralenti à l’extrême. Pourtant, la douceur trompeuse de cette journée l’a tirée de sa diapause. Telle une petite imprudente, elle est montée sur le rocher pour y capter la chaleur, un comportement d’héliothermie crucial pour réactiver ses fonctions. Ce réchauffement rapide est une bouffée d’énergie éphémère. Mais le répit sera de courte durée. Au moindre refroidissement ou dès le coucher du soleil, elle devra s’empresser de retrouver son abri. Car si elle ne retourne pas à sa cachette pour conserver ses précieuses calories, elle risque de compromettre sa survie. Elle doit encore patienter jusqu’au printemps pour reprendre sa croissance et accomplir, quelques mois plus tard, sa métamorphose en papillon.

Le Stangenberg, le 13 février 2018