L’aeschne bleue est une grande libellule reconnaissable à son thorax vert vif et aux marques abdominales vert-jaune chez la femelle, comme celle observée sur les hauteurs du Haut-Chitelet, à plus de 1200 mètres. Bien que commune en plaine, sa présence en moyenne montagne témoigne d’une forte adaptabilité aux environnements froids.Son cycle de vie est intimement lié aux eaux stagnantes (mares, étangs) et est fortement contraint par la basse température ambiante. Là où le développement larvaire ne prend que deux ans en plaine, les larves (ou nymphes) d’aeschne bleue dans les eaux froides d’altitude des Vosges sont obligées d’étendre leur phase aquatique. Elles passent ainsi trois à quatre ans sous l’eau pour accumuler l’énergie nécessaire à la métamorphose. Cette lenteur est une adaptation directe au ralentissement métabolique causé par le froid. L’émergence des adultes, observée en juillet, est parfaitement synchronisée avec la courte fenêtre estivale. Cette éclosion massive assure que les adultes auront le temps de chasser, se reproduire et pondre avant le retour de l’hiver. Cette aptitude à allonger sa phase larvaire et à tolérer les longues périodes de gel garantit la survie de l’espèce dans les écosystèmes d’altitude.
Le Hohneck, le 16 juillet 2018
