Amateur de mûres

A la fin de l’hiver, les merles s’étaient spécialisés dans la consommation des seules baies qui restaient à leur disposition sur le lierre grimpant. D’ailleurs, pendant très longtemps, le sol conservait les traces de cette chasse obsessionnelle. D’autres fruits sont à présent disponibles : prunes et mirabelles sauvages, et tout dernièrement, les premières mûres. C’est la bonne période pour observer cet oiseau, car sa prudence excessive s’efface un peu devant la gourmandise qui le pousse à prendre quelques risques. Il a peut-être fini par intégrer qu’il séjourne dans une réserve naturelle et n’a rien à craindre des bipèdes qui empruntent tranquillement les sentiers balisés. La cueillette des mûres de ronces n’est pas un exercice aisé, même pour un merle. Ce ne sont pas tant les épines qui le gênent, mais l’enchevêtrement des tiges et le feuillage dense. Chaque drupe prélevée devient un trophée qu’il faut protéger face à une concurrence acharnée. Il faut vraiment qu’il soit délicieux pour justifier une telle dépense d’énergie.

La Petite Camargue, le 27 juillet 2025