Pour paraphraser un proverbe que l’on attribue à un philosophe du XVIIIe siècle, on pourrait dire qu’en photographie, le trop tue le bien. Un excès de lumière crée des contrastes forts et occulte une partie de la matière à restituer ; à l’opposé, quand elle vient à manquer cruellement, l’image se remplit de bruit. On conseille donc de privilégier l’ambiance du petit matin. On oublie que les heures qui suivent un épisode pluvieux sont également intéressantes à exploiter. Au bord du canal pousse un hêtre qui ne connaît pas la soif; le lichen qui le colonie témoigne qu’il est par ailleurs bien ventilé. C’est une aubaine pour le lierre qui s’accroche à sa robuste stature pour hisser au plus haut son feuillage assoiffé de lumière. En temps ordinaire, on passerait à côté sans y prêter attention. Mais après le passage de la pluie, les couleurs paraissent ravivées et nous interpellent. Le tableau ressemble à un collage fraichement réalisé et que l’on pris soin de recouvrir d’une couche de verni. La nature nous prouve que l’on peut créer des merveilles avec peu de choses.
Baldersheim, le 12 mars 2025
