La scène se situe le long de l’ancien canal désaffecté. Contrairement à leurs voisins d’en face, les arbres situés directement au bord de l’eau se portent plutôt bien : assez rondouillards et bien plus grands, ils font de l’ombre. Un promeneur leur a pourtant décelé un point faible puisqu’il a eu recours à un étaiement pour tenir séparés deux troncs jumeaux. Il craignait sans doute de les voir se rejoindre en hauteur dans quelque temps. A moins que ce ne soit l’oeuvre d’un passionné de météorologie qui a imaginé un dispositif, une variante du pluviomètre, pour évaluer l’importance d’une averse au nombre de gouttes d’eau qui tombent de chaque étage. On pourrait aussi penser au travail d’un géologue qui a voulu monter une exposition temporaire de quelques pierres typiques du sous-sol de la forêt de la Hardt. Un audioprothésiste y verrait peut-être encore autre chose : un astucieux moyen de permettre à deux arbres de communiquer sans que les passants n’y entendent mot.
Baldersheim, le 12 mars 2025
