Le piège

L’existence d’une piéride est semée d’embûches. Les oeufs mal dissimulés sous des feuilles ont une existence très brève. Les chenilles qui passent la première épreuve sont à la merci des becs d’oiseaux ou risquent d’être parasitées par d’autres insectes. Quand enfin, le papillon sort de sa chrysalide, c’est un rêve presque extraordinaire qui se réalise : il peut s’affranchir de se déplacer sur un support matériel et s’élancer dans l’air. Les premières envolées sont joyeuses, euphoriques même. C’est la griserie d’un ballet aérien qui survole les obstacles et fait fi des contingences matérielles. Mais le danger n’a pas pour autant disparu. Les ailes partiellement déchiquetées rappellent l’intérêt manifesté par les oiseaux pour les insectes volants. Plus rarement, il se présente sous la forme d’un piège tendu par une araignée qui a tissé une toile collante. Et si le papillon le heurte, il n’a que peu de chance d’en réchapper. Il a fallu à cette piéride de longues minutes à battre des ailes sur une mélodie grinçante, avant de se résigner au face à face avec la tigresse des lieux. 

Baldersheim, le 26 juillet 2025