Une pie grièche perchée sur une branche d’aubépine après avoir capturé un coléoptère… voilà une photo dont on aimerait dire qu’elle est assez commune, mais qui s’inscrit bien dans le temps. Pour observer cette scène, il faut la conjugaison de deux calendriers. Celui de l’oiseau, d’abord, qui ne revient de migration qu’à la fin du mois d’avril et qui nous quitte déjà dans la deuxième quinzaine d’août. Celui du hanneton de la Saint-Jean, ensuite, qui émerge au mois de juin, un mois après son cousin, le hanneton commun. Il faut également que les deux protagonistes fréquentent la même scène. Ce sont les prairies, les haies ou les arbustes touffus qui constituent l’unité de lieu. Si la larve du hanneton se nourrit de racines, les adultes consomment des feuilles, mais nous sommes loin de la razzia de mai. Pour que la tragédie se déroule conformément au destin, il faut encore une unité d’action. A l’instar du faucon crécerelle, la pie grièche pratique le vol stationnaire pour repérer une proie qu’elle capture en piquant vers le sol. C’est la dure loi de la nature qui imbrique étroitement la vie et la mort de tout être.
Le Bollenberg, le 24 juin 2024