« Quelle tête de linotte ! Elle a encore oublié d’emporter ses partitions à la répétition générale . » Si la choriste se fait traiter de linotte, c’est parce que cette dernière a la réputation d’avoir la mémoire courte : on l’accuse même de ne pas être capable de retrouver l’emplacement de son nid. Pourtant l’observation attentive d’une photographie de l’oiseau nous apprend que ce n’est pas son tout petit cerveau qui est en cause. Si la linotte a du mal à se repérer dans la végétation luxuriante du printemps, c’est parce qu’elle surestime ses capacités de transporter les végétaux qui vont servir à rembourrer le nid. Les longs poils soyeux de peuplier qui contiennent une petite graine ressemblent à du coton : c’est une véritable aubaine pour tapisser l’intérieur de son nid. Mais la linotte ne fait pas les choses à moitié : elle en accumule une telle quantité dans son bec qu’elle en perd pratiquement la vue. Pas facile dans ces conditions de retrouver du premier coup au milieu des hautes herbes l’emplacement du nid en construction.
Baldersheim, le 18 mai 2025
