A cette époque-ci de l’année, la plupart des oiseaux deviennent insectivores. Le passereau qui fait une pause au sommet d’une vieille cardère est à la recherche d’une chenille ou scrute le passage d’une mouche ou d’un coléoptère pour nourrir sa jeune progéniture. Malgré le contre-jour, on reconnaît le chardonneret élégant à son plumage mêlé de brun, de noir et de jaune vif ainsi qu’à son masque facial noir et blanc, avec une petite tache rouge au-dessus des yeux. La scène est saisissante. On en viendrait à penser qu’il lorgne avec nostalgie la jeune plante encore en plein développement. Pour goûter les délicieuses graines dont il raffole, il lui faudra encore patienter plusieurs mois. Mais cette image fonctionne aussi comme une allégorie : l’oiseau tourne le dos au passé et regarde vers l’avenir. Il ne sert à rien de regretter le temps révolu; mieux vaut affronter le présent pour y trouver les ressources de la vie.
Le Rothmoos, le 29 mai 2025
