Elle se réchauffait au soleil du petit matin. Un point lumineux, visible de loin. Mais comme l’environnement était encore très calme, elle n’avait aucune raison d’inquiétude. Simplement rester vigilante, observer les passages furtifs des premiers cyclistes qui avalaient la piste à une vingtaine de mètres de là. Surveiller le ciel d’où pouvait surgir un busard des marais ; de ce côté-là, non plus, aucun signe d’agitation. Pour ne pas perturber la bergeronnette printanière, l’approche s’est faite à petits pas, avec de longs moments d’arrêts et de délectation. Un concentré de citron, une arcade sourcilière volontaire, un subtile trait de maquillage blanc sous un oeil brillant et perspicace, une calotte assortie à la couleur des plumes de la queue, un bec effilé et rutilant qui sera fortement sollicité au cours de la journée… Elle ne manifestait aucune impatience à vouloir prendre son envol. De temps à autre, elle alternait même la patte d’appui pour éviter de gaspiller la précieuse température de son corps. Avec la gorgebleue à miroir, la bergeronnette donne des couleurs au printemps qui s’installe sur l’île.
Le Fier d’Ars, le 27 mars 2025
