Il ne faut jamais se fier aux apparences. Voilà une belle plante qui colonise la surface de la mare et la parsème de taches jaunes. Elle parait fragile mais n’est pas aussi innocente qu’elle en a l’air. Il s’agit de l’utriculaire vulgaire, une plante carnivore commune des eaux calmes d’Europe. Dépourvue de racines, elle flotte librement sur la surface, soutenue par ses tiges et ses feuilles finement découpées. C’est lors de la floraison, en été, qu’elle se fait remarquer, érigeant hors de l’eau une hampe florale ornée de plusieurs fleurs jaunes évoquant de petites orchidées, souvent agrémentées de lignes ou de taches rouges. Son mode de nutrition est l’un des plus sophistiqués du règne végétal. Elle ne capture pas ses proies à l’aide de feuilles collantes, mais utilise de minuscules sacs appelés utricules, qui sont en réalité des feuilles modifiées. Chaque utricule est une petite poche en forme de poire mesurant entre 1 à 5 mm, fermée par une trappe et dotée de soies sensorielles. Lorsqu’un petit crustacé ou une larve d’insecte touche l’une de ces soies, la trappe s’ouvre brusquement, créant une aspiration. La victime est alors avalée en une fraction de seconde à l’intérieur de l’utricule où elle est digérée par des enzymes. Ce mécanisme de capture ultra rapide est une prouesse biologique unique, qui permet à l’utriculaire de se procurer des nutriments essentiels dans des environnements pauvres en nutriments.
La Petite Camargue, le 25 juin 2025
